La société découle des récits, valeurs et représentations installées en chacun de ses sujets.
Dans notre culture occidentale, les relations qui nous sont familières sont liées au pouvoir-sur, au pouvoir de domination. Nos paysages intimes sont ceux des récits de la mise à distance et sont peuplés de créatures qui dominent ou sont dominées.
Mais d’où vient cette culture de la domination ?
La culture du pouvoir-sur résulte de milliers d’années d’un profond déséquilibre entre les 2 pôles de notre psyché.
Entre le pôle dit masculin (cerveau gauche, énergie Yang) porté vers l’extérieur, l’avoir, la quantité, la conquête, le dualisme, la rationalité, l’appropriation et le pôle dit féminin (cerveau droit, énergie Yin) porté vers l’intérieur, l’être, la qualité, la coopération, l’holisme, l’intuitivité, le don.
Nous souffrons collectivement, hommes et femmes, avec de tragiques répercussions, d’une hypertrophie du masculin et d’une atrophie du féminin.
Nous ne marchons pas sur la tête, nous marchons sur une seule jambe.
Nous marchons avec notre tête mais nous oublions notre corps et notre cœur.
Nous marchons avec notre humanité amputée.
Et nous marchons droit vers notre destruction.
Incomplets, privé.e.s d’une moitié de nos ressources, coupé.e.s de notre potentiel, incapables de nous écouter, orphelin.e.s de notre vision, de nos convictions, de notre boussole intérieure, coupé.e.s de notre souveraineté et de notre liberté à nous auto déterminer. Nous sommes devenus insensé.e.s.
Dans notre soif de progrès et de conquête, nous avons oublié qui nous sommes, nous avons oublié notre être.
Nous avons oublié de nous demander ce qui comptait. Nous sommes pourtant des êtres humains, pas des faire humains.
Nous répliquons donc à l’extérieur ce que nous vivons à l’intérieur. Nous avons perdu notre puissance alors nous exerçons la force, le contrôle et l’oppression : sur l’autre, sur notre environnement.
Ne nous trompons pas. Les origines de notre crise civilisationnelle sont à chercher dans la psyché humaine.
Comment expliquer sinon que nous savons ce qu’il faut faire mais que c’est dans le déni que nous restons ?
C’est notre programme intérieur, nos récits, nos croyances et ce à quoi nous nous fions qu’il faut examiner, transformer, rééquilibrer.
Einstein nous le disait, on ne peut résoudre un problème avec le même état d’esprit que celui qui l’a provoqué.
Libérons-nous donc de cet état d’esprit qui nous a colonisé, de ce pouvoir-sur qui nous aliène pour retrouver notre puissance, le pouvoir du dedans : le pouvoir de sentir, de guérir, d’aimer, de créer, de donner forme à notre avenir et de changer nos structures sociales.
C’est une mutation qui est exigée, la plus grande que l’humanité n’ait jamais eu à accomplir.
Cette mutation elle est d’abord culturelle, intime, intérieure.
Elle nous demande cesser cette fuite en avant, elle demande un retournement à l’intérieur de soi pour révéler ce que notre être sait mais que nous n’écoutons jamais.
Cette pandémie en est l’invitation, faire comme si de rien n’était et continuer comme avant est une folie, les effondrements en cours continueront, toujours plus fort, de nous le rappeler.
Cette mutation elle exige une réconciliation, en chacun.e, de notre féminin et masculin.
Et concrètement, le réveil du féminin, ça veut dire quoi ?
C’est oser aller regarder à l’intérieur de soi ce que notre être désire et sait déjà.
Faire confiance à cet espace pour révéler ce qui est là en germe, en inconscient, en potentiel. C’est lui prêter l’oreille et apprendre à s’écouter soi comme jamais on ne l’a jamais fait.
C’est à la fois simple et difficile, tout simplement parce qu’on ne se l’autorise jamais. Notre attention est portée dehors plus que jamais quand elle a désespérément besoin d’être dedans.
Réveiller notre féminin, c’est avoir l’audace de faire la place en soi pour dévoiler sa vision, identifier son pourquoi.
Activer notre masculin, c’est permettre l’expression de cette vision à l’extérieur de soi.
Notre masculin est donc au service de notre féminin. L’un ne va pas sans l’autre.
Mais cela n’a aucun sens d’exprimer son masculin, de passer à l’action, de manifester son leadership si la direction n’est pas au service de cette vision reçue de son moi profond. Et c’est pourtant ce que nous faisons.
Et de la même manière, c’est un vrai gâchis de recevoir une vision, de ressentir de profondes convictions si ces dernières ne trouvent pas d’accomplissement, ne sont pas mises en action. C’est ce que trop d’entre nous refoulons.
Les temps sont venus d’un rééquilibrage de nos deux pôles, d’une alchimie.
Pour les hommes comme pour les femmes de se réapproprier leur féminin autant que leur masculin. Le sort du monde en dépend.
Nous sommes des êtres de lien, nous sommes organisés en sociétés et communautés. Alors même si ces mutations doivent s’accomplir individuellement, c’est bien la responsabilité de nos collectivités, publiques comme privées, d’en faire une priorité, de les impulser, de les catalyser.
Soyons clair.e.s, le succès n’est pas garanti mais le risque à ne pas faire l’est bien.
Citoyen.nes.s, entreprises, organisations, institutions, la mutation culturelle n’attendra pas demain, réveillons notre féminin et accomplissons-nous en tant qu’être humain.