Photo : Moulin du Roz, pays des Abers (Instagram @ecolieu_moulin_du_roz) par Antoine Etesse
IL ETAIT UNE FOIS une histoire de chenille.
Il y a 20 ans, je quittais ma terre natale du bout du bout du finistère avec la furieuse envie de découvrir le monde, la soif intarissable de voyages, d’émancipation, et une arrogante certitude de croire que l’herbe est toujours plus verte ailleurs,
Il y a 7 ans, après quelques destinations européennes et une intense vie parisienne, je réalise un rêve, celui de croquer la Big Apple à pleines dents,
Il y 6 ans, au sommet d’une vie à la ‘sex & the city’ je réalise brutalement mon manque d’alignement, je cours après la vie, merci à mon corps qui me le crie,
Il y a 5 ans, je renais. Je me déchausse, talons corporate aux pieds des marches de ma vie, je monte sur scène nus pieds et vulnérabilité chevillée pour parler d’engagement, d’inspiration et de créer à partir de notre vérité.
Je suis alors appelée dans le cœur du réacteur, à la transformation culturelle de mon organisation. Je m’affirme, je bouscule, je mobilise et je réalise aussi que lutter contre quelque chose c’est l’alimenter.
Il y a 5 ans, je ressens un autre appel, au confluent de 3 sources d’eau, en cette terre sacrée californienne d’Esalen, là où Henry Miller a produit tant d’écrits, là où l’on étudie une technologie humaine aux antipodes du transhumanisme et de tout ce qui nous aliène.
Cet appel venu de l’océan c’est celui d’un retour aux sources et à la terre.
J’ai su alors qu’un jour je créerai un lieu pour prendre soin d’un petit bout de notre Mère. Celle qui nous accueille, celle qui nous nourrit et pourtant celle qu’aujourd’hui on salit tels des enfants qui n’ont rien compris.
Mon élan, c’est d’inspirer les humains à renouer avec leur part sauvage, vivante, souveraine et indomptée.
Mon intuition, c’est que nous avons oublié notre spiritualité, pourtant clé d’une action alignée puisqu’elle met de l’esprit dans ce que l’on fait.
Mon désir ardent, que de prédateurs destructeurs nous redevenions souverains créateurs.
Il y a 3 ans, je réalise qu’il est temps pour moi d’œuvrer à la construction de ce monde auquel j’aspire tant. Je réalise qu’une immense forêt est en train de s’écrouler pour laisser place à de jeunes pousses encore silencieuses mais bel et bien en chemin.
Une part de moi tremble mais ma tête est claire et mon cœur sait.
Je quitte Wall Street, de Park Avenue et de la défense je suis revenue, forte d’une expérience unique, d’un nouveau regard sur le monde et prête à une nouvelle mue.
Il y a 2 ans, je créée, avec ma chère associée, Club Culotté pour t’apprendre à aligner ce que tu fais avec qui tu es.
Soyons clairs, notre action découle de notre pensée.
Il n’y aura pas de profonde transformation sans questionnements de nos représentations.
II n’y aura pas de métamorphose sans chacun.e trouver la force en soi d’agir à partir du cœur, lui si vaste et si libre de conditionnements. Sachez-le, cela s’apprend.
Il n’y aura pas de révolution extérieure sans révolutions intérieures.
Il y a 6 mois, dans cette fracassante et révélatrice année 2020, je sens avec mon partenaire de vie et de cœur, qu’il est temps d’accélérer et de s’autoriser à mettre en musique ce que notre petite voix nous soufflait.
La vie nous fait un cadeau, le féminin est à l’œuvre par l’intermédiaire de ma propre mère qui nous pousse l’annonce de ce qui deviendra quelques mois plus tard notre nouveau toit.
Un nid face à la puissance de l’océan, au cœur du pays des Abers, là où la mer et la terre font la paix. Un territoire magique où les arbres, l’eau et les étoiles règnent, où l’humain doit composer avec les éléments.
Il y a 2 mois, nous quittons la ville pour retrouver la terre, pour refaire usage de nos mains, pour prendre soin, pour abandonner un hors sol, descendre de nos têtes bien perchées et tenter de s’enraciner, pour faire corps avec notre vérité, pour confronter notre imaginaire à la réalité, un instinct de vie, un coup de folie pour déjouer la peur et faire que notre passage ici reste guidé par l’envie.
Nous quittons notre chenille…pour nous transformer en papillon.
Cette histoire, cette tranche de vie, c’est un bonheur pour moi de vous la raconter. Mais, qu’on se le dise, il n’y a pas d’exemples à suivre, que des inspirations à poursuivre.
Et si chacun.e de nous osions ? Imaginons…il ressemblerait à quoi ton papillon ?