Il y a quelques jours se finissait l’accompagnement d’une de mes clientes.
Alors que nous discutions de son expérience culottée et de ce qu’elle lui avait permis de faire / réaliser / être, elle a déclaré « En fait, j’ai réalisé que je ne veux pas changer [pour changer] ».
C’est vrai ça : doit-on changer ? Doit-on se changer ? Vouloir se changer ou pas est-il un problème ?
> Le Graal du changement en soi, de la transformation, de la meilleure version de soi.
L’avènement du développement personnel à l’américaine, comme celui des régimes alimentaires, des salles de sport et de l’application des fondamentaux du change management à tout sujet, a complètement légitimé cet objectif : changer.
Changer pour quoi ?
Pour devenir une meilleure version de soi, pardi ! Un objectif en soi.
Si tu ne le poursuis pas, c’est que tu n’as rien compris, que tu manques de volonté, que tu ne sais pas prendre soin de toi, que tu es un mauvais élément de l’organisation, inadaptable et peut-être même inadapté et que sais-je…
En tout cas, c’est pas hyper instragramable tout ça. Et pourtant, internet et les librairies regorgent de techniques et méthodes efficaces nous dit-on [wink wink] (« elle fait du sport 7 min par jour pendant 1 mois et regardez ce qu’elle est devenue en cliquant sur cette photo » ?) !
Bref, sans savoir ce que tu cherches dans ce changement, s’il est imposé par des normes extérieures (coucou male gaze, summer body, gourou, influenceur·ses, et employé·e du mois etc.) ou pour se conformer à un modèle auquel au fond tu n’adhères pas, le risque est que ce changement n’advienne pas et que tu t’en sentes encore plus nul·le.
Voire qu’il advienne et que tu fonces vers l’antagonisme profond de ce que tu fais versus ce que tu es (Merci mais non merci !*).
Et finalement, ça devient un problème, non ?
Les adeptes des régimes infinis, des abonnements aux app et salles de sport non utilisés, des livres de développement personnel par paquet, et autres miracle morning connaissent probablement ce sentiment de culpabilité mélangé à celui de nullité (welcome to my – old – life).
> Et si tout était dans le verbe : devoir ou vouloir ?
Doit-on ou veut-on changer ? Cela peut paraître anodin ou idiot mais le nombre de nos client·es qui souhaitent changer parce qu’ils/elles pensent qu’ils/elles le doivent et non pas ce qu’ils/elles le veulent, est TRES important.
J’entends beaucoup de « il faut », « faudrait que j’arrête », et rarement des « je veux », « je souhaite ».
Sauf que ce qui nous fait nous lever le matin, ce n’est pas la peur, mais le désir.
Il y a bien plus d’énergie dans l’utopie et l’envie de faire advenir, que dans la peur de voir quelque chose arriver.
Et la question qui se pose mais qui n’est que rarement posée c’est : changer quoi, pourquoi et pour quoi (voire pour qui…) ?
Quitte à enclencher le grand chantier, au moins conscientiser ce qui te pousse à le faire, où se trouvent le désir et l’aspiration : ce besoin de changement est-il un besoin de résoudre un problème, est-il l’appel à aller vers quelque chose de meilleur pour toi, ou de meilleur en soi, de ce qu’on attend de toi ?
> Changer pour se conformer.. ou créer ?
Non, je ne dis pas que le changement est mauvais en soi.
Je questionne son intention. Le seul changement qui vaille le coup d’être poursuivi ne serait-il pas celui qui permet l’émergence de nouvelles règles, d’une nouvelle norme, d’un alignement, pour toi ?
Celui qui finalement te permet de créer, d’inventer un nouveau mode, en lien avec ce que tu veux, ce à quoi tu aspires, un nouveau monde ?
On pourrait même l’appeler Le Monde d’après ;). Un monde qui émergerait de notre utopie, de notre volonté de remettre à l’endroit ce qui nous rend fous, n’a aucun sens, nous consume et consume le monde qui nous entoure.
> Changer pour être en prise avec ce qui est vivant.
Attention scoop (ne me remerciez pas) : jusqu’à notre mort, nous sommes vivants et vivantes.
Des êtes vivants : c’est-à-dire mouvants, changeants, vieillissants, s’adaptant, expérimentant, changeant d’avis, approfondissant, apprenant etc.
Oui, le paradoxe de tout ça, de cette quête du changement pour une meilleure version de soi, c’est la tentation de changer pour figer les choses, comme un point final, en oubliant l’essentiel : on ne fait que ça, changer.
Ma cliente a complété sa déclaration ainsi : « Je ne veux pas changer. Je ne veux pas choisir qui je suis, parmi mes multiples facettes. Je veux être moi, complète, à chaque instant et m’assumer ».
Et toi, que veux-tu maintenant ? Qui es-tu aujourd’hui ? Que poursuis-tu qui ne t’appartient pas ou plus ? Te figes-tu dans une réponse que tu penses être la bonne en soi mais pas pour toi ?
Si tu en ressens le besoin, tu peux m’appeler. Chez Club Culotté, on adore explorer ces questions culottées 😉
Je dédie ce post à David Bowie, roi des multifacettes, du changement et de l’exploration de soi pour proposer, créer et surtout pas se conformer 🙂
* Référence au livre de Céline Alix, « Merci mais non merci, quand les femmes redessinent la réussite sociale »