Le développement personnel est le plus grand chausse-trappe de la quête de sens.

J’y suis tombée.

Et pas qu’un peu !

Pendant des années, j’ai cru que je devais travailler sur moi.

Un peu, beaucoup, passionnément.

J’ai cru que j’avais tout un tas de trucs à améliorer avant d’enfin pouvoir être heureuse.

Coucou à toi pensée magique !

J’ai cru, qu’une fois que j’aurais bien travaillé, au bout du chemin, après un dur labeur et pas mal de sueur, j’allais mériter le bonheur.

Encore une bonne croyance de notre héritage judéo chrétien : on a rien sans rien.

Il faut travailler dur pour se réaliser !

Cette croyance elle était bien vissée, pour autant, elle n’était pas vraiment conscientisée.

Pourtant je m’étais lancée dans un marathon sans fin, un puit sans fond, une soif intarissable de vérité.

J’ai cherché, cherché, cherché. Je ne me sentais jamais rassasiée.

J’ai ratissé, ratissé, ratissé mon jardin. J’ai labouré encore et encore.

Concrètement ça signifie que j’ai dû dépenser le PIB du Liechtenstein en livres, formations, stages, thérapies en tous genres et autres vidéos de dit développement.

Bon, sans doute que j’exagère un poil, mais vous voyez l’idée.

Je ne vous apprends rien, le business du développement personnel est florissant !

Pas de doute, j’étais bien occupée, j’avais l’impression d’avancer.

Avancer vers quoi je ne savais pas mais j’avançais et donc ça me remplissait.

Pourtant une petite voix discrète était toujours là, elle communiquait avec moi sous forme de sensation, de sentiment léger qui venait assombrir ma satisfaction.

Je n’aimais pas cette petite voix, j’avais tôt fait de lui dire de se taire pour que je puisse continuer tranquillement à durement sur moi travailler.

Cette petite voix, vous vous en doutez, c’était mon intuition, elle me faisait sentir – notez-le bien, c’est ainsi qu’elle s’exprime – que quelque chose clochait.

En creux, quand j’ai accepté de tendre l’oreille, elle me disait que je répétais le même schéma.

Un schéma de consommation, d’ajout, de multiplication des initiatives de développement personnel comme je multipliais les achats de repettos quelques années plus tôt.

Après chacune de ces vaines tentatives, qui sur le moment m’apportaient un shoot d’adrénaline, je vivais une redescente, une forme de dégoût, une légère dépression.

J’avais encore recommencé !

Oui, oui, cela s’appelle une addiction !

Je voulais me retrouver en appliquant exactement la même stratégie que celle qui m’avait amenée quelques temps plus tôt dans l’impasse, celle où je m’étais sentie perdue.

Le pire c’est que j’avais la sensation de faire d’incroyables efforts et pour autant, de ne pas être récompensée.

En prime j’étais donc frustrée.

Mais devinez quoi, ça ne marche pas comme ça.

La vie ne nous récompense pas parce que nous faisons des efforts, la vie répond à l’énergie qui de nous jaillit.

Le souci, ce que je ne voyais pas, c’est l’intention qui sous-tendait mon action.

Je m’explique.

Mon intention était de m’améliorer, de me développer, comme si je n’étais pas assez valable telle que j’étais.

Je voulais me développer car je ne me pensais pas assez aimable, compétente, adaptable.

On ne va pas faire de jaloux, ça marche aussi avec ‘trop’ : trop sensible, trop introvertie, trop exigeante, trop colérique.

Si se développer vient de l’intention de ne pas accepter une partie de qui l’on est, il faut tout de suite oublier.

Si se développer vient d’une intention de gommer ou d’ajouter pour mieux se conformer alors il faut se questionner.

Encore une fois cette intention n’était pas consciente chez moi mais c’est ce que mes actions démontraient.

C’est l’énergie que je portais et mes actions clairement l’exprimaient.

Aujourd’hui, il n’est plus question pour moi de me développer.

Et chez Club Culotté c’est quelque chose qu’on ne laisse pas passer.

Pourquoi ?

Parce que tout simplement, c’est un déni d’humanité.

Nous sommes vivants, nous sommes des êtres d’émotions, de toutes les émotions.

Il n’y en a pas de bonne ou de mauvaise comme la ‘nature’ ne se demande pas si ce qu’elle fait est bien ou mal.

Vivre c’est accepter de ressentir sans refouler.

Nos émotions nous indiquent ce que nous avons à faire.

Notre job à nous c’est de les laisser nous traverser sans juger, sans paniquer.

Alors que faire quand on est perdu.e si on ne peut plus se raccrocher à l’espoir de devenir meilleur.e après, de se développer ?

Ah ah on est bien embêté.e sans ce F****** hard work pour y arriver.

Comme d’habitude la réponse n’est jamais loin du problème.

Si le besoin de développement vient du postulat que je ne m’aime pas, on peut se poser la question de ce qui se passerait si je décidais de porter un regard bienveillant sur moi plutôt que de me juger ?

Vraiment bienveillant.

C’est que l’on fait avec ceux que nous aimons non ?

On peut se demander si la souffrance ne vient pas du décalage entre qui l’on est à l’instant t et ce que l’on croit être ou devoir être ?

Que se passerait-il si je décidais de me fiche la paix ? De dire ce que je pense sans filtrer, de faire ce que j’ai envie de faire sans me freiner ? de partir quand j’en ai envie, d’hurler quand j’en ai besoin, de pleurer quand les larmes montent, d’aimer quand le désir surgit ?

Que se passerait-il si au lieu de vouloir me développer, je décidais d’être tel.le que je suis ?

Et si c’était aussi simple que ça ?

Considérons le un instant.

Je ne sais pas vous mais si j’avais lu ça il y a quelques années, ça me gratterait sévèrement et j’aurais sans doute zappé.

Et pourtant…

C’est bien ce que j’ai fini par découvrir quand un jour un coach m’a demandé ce que je ressentais là tout de suite, à l’instant t, que j’ai répondu que j’avais envie de hurler.

Devinez ce qu’il m’a répondu ? Il m’a dit tout droit : Qu’est-ce que tu fais encore là ?

Sur le moment, j’étais sous le choc, je n’ai pas compris et puis il a ajouté : Qu’attends-tu pour sortir d’ici et aller hurler dans les bois ?

Je l’ai regardé un instant en me demandant si il était vraiment sérieux. Croyez-moi, il l’était.

Ce moment-là je ne l’oublierai jamais.

Je suis sorti, j’ai marché, j’ai hurlé…et j’ai souri.

Je me sentais libre. Je me suis laissée traversée. J’ai accepté l’intensité. Je ne l’ai pas refoulée.

En vous écrivant j’ai encore des frissons…

Tant de fois dans ma vie pourtant j’ai refoulé ma sensibilité.

Tant de fois j’ai entendu de l’extérieur puis de l’intérieur : voyons, ce n’est pas approprié !

La liberté d’être soi n’a pas de prix.

Cessez de vouloir vous développer.

Vivez.

Nathalie Richard

About Nathalie Richard

Leave a Reply