Nouvelle année, nouvelle décennie, nouveaux récits ? Et si les années 20 marquaient l’émergence de nouveaux modèles à toutes les échelles ? Et si en 2020 on écrivait de nouvelles histoires ?
J’ai toujours aimé faire le point sur l’année passée et imaginer celle à venir. C’est une tradition familiale qui m’a toujours régalée. J’aime l’idée de transformer ce temps de pause mi artificiel mi traditionnel de fin d’année en une chance de reprendre les choses en main, de sortir la tête de l’eau et d’actualiser ce qui nous fait vraiment vibrer.
Malheureusement, mon plaisir à poser cette fameuse question ‘alors qu’est ce que je te souhaite cette année ?’ rencontrait bien souvent l’indifférence, le cynisme voire l’agacement des autres et la réponse ‘oh ben une bonne santé c’est déjà pas mal’ venait souvent ponctuer mes vaines tentatives. Ce que je voyais comme l’opportunité d’un échange intime avec l’autre se heurtait à la difficulté de plonger dans une forme d’ introspection inconfortable.
Il semblerait que cette année, ces moments de bilan et de prospective personnelle rencontrent un nouveau souffle. Je veux bien croire que mes fréquentations biaisent mon constat et loin de moi l’idée de généraliser mais il me semble voir un point d’inflexion, un signal faible, un signe avant coureur de renouveau. J’aime y croire, je veux y croire.
Je me garderais bien d’affirmer la raison à cette réalité toute subjective, en revanche, je me permets une hypothèse. La désillusion relative au modèle dominant existant (extractile, capitaliste, fondé sur les principes de séparation et de compétition), les effondrements successifs, le manque de proposition d’avenir désirable combiné au besoin vital de sens, de reliance et d’harmonie de l’être humain n’auraient-ils pas conduit certain.e.s d’entre nous à réaliser qu’il était (grand) temps de reprendre en main notre destin ?
Nous ne vivons pas une crise de modèle, nous vivons un changement de modèle.
Ce nouveau modèle – ou ces modèles – ils restent à imaginer, à écrire, à communiquer, à partager et puis il reste à y croire car ce qui nous arrivera c’est ce en quoi nous croirons.
Le hic ? Nous vivons bien une crise, une crise narrative. Il nous est devenu difficile d’imaginer un avenir désirable collectif, un monde dans lequel on se sentirait bien ensemble, un monde que l’on aurait plaisir à transmettre à nos enfants et fierté à raconter à nos petits enfants. Surmonter cette difficulté semble pourtant clé.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de récit proposé. Il y a en bien un, celui qui prolonge le modèle actuel, celui du techno-solutionisme et de l’aliénation de l’homme à la machine. Je ne sais pas vous mais moi il ne me fait pas rêver. Aucun jugement sur la valeur de ce modèle, il exerce d’ailleurs aussi sur moi une forme de fascination mais ce n’est pas un modèle que je trouve inspirant en plus d’être délétère pour l’humain et les ressources de notre monde. En tous cas, ce qui me semble remarquable c’est que nous manquons de récits alternatifs qui sauraient créer une telle adhésion.
Ce qui me fait rêver en revanche c’est la pluralité de récits, la proposition de multiples modèles alternatifs qui feront bouger les lignes de nos croyances, de nos imaginaires et qui ouvriront nos consciences à notre pouvoir de création.
Il n’y a pas de système, nous sommes le système.
Ce que je crois c’est que le changement de modèle collectif commence par exercer cette capacité à imaginer nos propres récits personnels. Tout commence donc par imaginer et écrire nos nouveaux récits et cela concerne chacun.e d’entre nous : ton voisin, ta voisine, ta soeur, ton frère, ton dentiste, ton facteur, ton ami.e, ton professeur, ton boss, moi, toi.
Toi, que veux tu vivre en 2020 ? Que veux tu vivre dans la prochaine décennie ? A quoi veux tu que ressemble le reste de ta vie ?
Je ne te parle pas de résolutions, je te parle des projets qui te tiennent vraiment à coeur. Comment imaginer qu’ils se réalisent si tu ne commences pas par les rêver ? Quand tu les auras rêvé, écris les. Quand tu les auras écrits, raconte les. Quand tu les auras racontés, réalise les. Quand tu les auras réalisés, communique les. Ils inspireront d’autres à faire de même.
Le pouvoir de l’imaginaire précède celui des mots qui lui même précède celui de l’action. La gestation précède la réalisation.
Je ne dis pas que c’est facile, je dis que c’est nécessaire.
Se reconnecter à ses projets personnels les plus profonds change notre rapport au futur, aux autres et à la nature. Se reconnecter à ce qui nous anime, à ce qui meut notre âme, libère une force, nous change de l’intérieur, modifie notre état d’esprit et éveille nos consciences.
C’est cette modification de conscience à l’échelle individuelle, ce changement de rapport à ce qui nous entoure qui nous permettra d’imaginer de nouveaux récits collectifs. Libérer ce qui a du sens pour nous, notre singularité et donc notre posture dans ce monde est un préalable à la création collective.
Notre ‘empowerement’ personnel nous permet de trouver notre place, de réaliser (de nous souvenir) que nous faisons partie du grand tout et de conscientiser notre interdépendance à l’ensemble du monde vivant. C’est de ce souffle, de cette inspiration, de cette spiritualité dont nous manquons cruellement. Le propos peut sembler radical et peut (encore) paraître fou à certain.e.s et pourtant ce qui est fou c’est de tenter de changer les choses à l’extérieur sans se changer soi et notre rapport au futur, car ça, ça ne marche pas.
Alors désormais peut être que cette question ‘que puis je te souhaiter pour cette nouvelle année ?’ ne te semblera plus si anodine. Peut être même que tu auras envie d’y consacrer du temps de réflexion, de te faire ce cadeau, de prendre ta plus belle plume et d’écrire ta légende personnelle. Et ça, peut être bien que ça change tout…
En 2020, deviens écrivain.
Pour t’aider dans cette réflexion, je partage avec toi un document qui pourra te servir de cadre, à toi de voir si il t’est utile. C’est une connaissance de qualité qui me l’as transmis, je la remercie. N’hésite pas à le faire circuler, tu le trouveras ici : https://yearcompass.com/fr/